Pour l’Unité : 90 ans au service de l’Église
Chers amis,
Le 26 novembre 1935, le Père Marcellin Fillère, Société de Marie (pères maristes), et l’Abbé André Richard, prêtre du diocèse de Paris, fondaient à Paris, en présence d’une vingtaine de laïcs, le Mouvement « Pour l’Unité ». Quel était le contexte historique en 1935 ? Des idéologies totalitaires voulaient imposer à l’humanité par la violence une unité fondée sur la domination d’une race, comme le fit le nazisme, ou d’une classe (le prolétariat), comme le fit le communisme. Pensons à ces paroles de l’hymne révolutionnaire : « C’est la lutte finale. […] L’internationale sera le genre humain. » Le bilan des ces totalitarismes ? des millions de morts !
À vrai dire, les penseurs de ces funestes idéologies matérialistes étaient obsédés par la volonté de créer un « homme nouveau » débarrassé de la tutelle de Dieu. Ce n’est que le perpétuel recommencement de la tentation du Jardin d’Éden : « Vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » (Gn 3, 5). Notre époque suscite cette même tentation matérialiste athée mais d’une façon bien plus subtile et plus séductrice car non sanguinaire. Elle est pourtant tout autant dévastatrice pour les esprits et pour les âmes. Elle est aussi profondément totalitaire car elle use d’un matraquage culturel, intellectuel et politique phénoménal pour arriver à ses fins ! On pense en particulier au wokisme, mais aussi au mondialisme aux relents de « Tour de Babel », cette tentation d’unité des hommes sans Dieu (cf. Gn 11, 1-9).
Pour nos fondateurs, c’est l’Église qui fait l’unité du genre humain dans le Christ, Selon le Père Fillère, « L’Église est pour nous une cause aimée. Elle n’est pas l’objet d’une opinion mais d’une attitude. Le mot “Unité” désigne pour nous l’Église. Ainsi l’Église cesse d’être une thèse théologique pour devenir une cause, l’objet d’une tendresse, voire d’un amour passionné », et il ajoutait : « Le monde cherche son unité, c’est l’Église qui la lui apportera. »
Pour l’Abbé Richard, « L’Église en qui est déjà le monde futur en germe, n’a point pour but seulement de sauver l’âme mais de sauver tout l’homme en l’agrégeant au Christ. Sa grande œuvre est d’unir tous les hommes à leur Chef, le Christ-Dieu, et aussi de les unir entre eux pour former la communauté chrétienne, laquelle doit croître et se disposer, pour mûrir et s’épanouir en Cité divine, au jour de la visite du Seigneur. »
Ainsi, pour eux, tout chrétien est appelé à prendre conscience de la réalité de l’Église, Peuple de Dieu, Corps mystique du Christ dont il est un membre à part entière en redécouvrant les bases ou racines d’unité qui fondent sa foi. Fort de cette expérience, il pourra rayonner de l’Évangile dans la société, là où sa vocation de baptisé le place, pour étendre le règne du Christ et hâter son avènement.
Cette compréhension de l’Église est prophétique et sera exprimée au Concile Vatican II, en 1965, dans la Constitution dogmatique Lumen gentium (le Christ, Lumière des nations) : « L’Église étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain, elle se propose de mettre dans une plus vive lumière, pour ses fidèles et pour le monde entier, en se rattachant à l’enseignement des précédents Conciles, sa propre nature et sa mission universelle. À ce devoir qui est celui de l’Église, les conditions présentes ajoutent une nouvelle urgence : il faut que tous les hommes, désormais plus étroitement unis entre eux par les liens sociaux, techniques, culturels, réalisent également leur pleine unité dans le Christ. » (Lumen gentium). L’Église a pour but de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés (cf. Jn 11, 52)
Nous poursuivons à notre mesure l’idée de nos fondateurs et aimons d’un amour passionné l’Église. Nous rendrons grâce à Dieu lors de la nuit de prière du 29 novembre pour ces 90 années, et remercions vivement son Excellence, Mgr Celestino Migliore, Nonce apostolique en France, de venir présider la messe solennelle de notre 162e nuit de prière en l’église Saint-Sulpice. Nous aurons à cœur de prier pour tous ceux qui, en plus du Père Fillère et de l’Abbé Richard, ont œuvré autrefois et œuvrent aujourd’hui dans ce mouvement au service de l’Église.
Vincent Terrenoir
Image d’illustration par Nimrod Oren de Pixabay