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Anathèmes, incantations et langue de bois !

Article publié le 24 mai 2013 par Pour l'Unité dans Chronique @

La chronique @ de février 2013, sous le titre « Sachons discerner pour ne pas être manipulés », portait à votre connaissance un article qui évoquait en dix points les idées mises en œuvre pour tenter de manipuler les masses (ex. : faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion ; Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise ; Encourager le public à se complaire dans la médiocrité ; Remplacer la révolte par la culpabilité…). Afin de poursuivre cette aide au discernement, je vous propose quelques éléments de réflexion sur la façon dont les tenants de la pensée unique tentent de faire apparaître ceux qui ne partagent pas les mêmes opinions comme forcément rétrogrades, voire nocifs pour l’évolution de la société qu’ils veulent mettre sur pied. Ils utilisent à cette fin : anathèmes, incantations et langue de bois. L’idée maitresse est de faire que leurs opposants ne puissent même plus avancer leurs idées et leurs arguments (au point que cela apparaisse naturellement comme un bien) tellement ils passent pour intolérants. Ainsi les idées et arguments de ces opposants non conformistes seront de fait discrédités avant même qu’ils puissent les exposer.  Subtil !

 

Soit dit en passant, les tenants de la pensée unique n’ont rien à envier au vocabulaire de la propagande des régimes totalitaires, toute époque confondue. Il semblerait que le développement de cette pensée unique est tel qu’il n’y a même plus besoin d’un ministère dédié à la propagande tant, depuis des années, nous baignons dans cette bonne parole dogmatique où les esprits non attentifs sont bien conditionnés et, par là-même, devenus atones. La différence avec les régimes totalitaires consiste en un vocabulaire enrobé du voile de la tolérance qui sert les idolâtries du relativisme et de l’individualisme tandis que, dans les régimes totalitaires, la force brutale (mentale et physique) s’abat sur les opposants. Encore que, dans nos sociétés démocratiques, le lynchage médiatique peut frapper grièvement aussi ceux qui osent exprimer des idées contraires à la pensée unique.

 

Une analyse de ce vocabulaire permet de constater qu’il se déploie à travers des grilles de mots types immuables qui enferment les non conformistes, parfois de façon simpliste, dans des schémas de pensée qui doivent entraîner la répulsion de l’opinion publique. Il pourra même être édulcoré pour mieux faire passer des concepts qui, a priori, choqueraient cette opinion publique : interruption volontaire de grossesse pour avortement – mourir dans la dignité pour euthanasie. Surtout, ce vocabulaire a pour but de rendre l’opposant hors jeu. Tel un arbitre qui siffle une simple faute ou sort un carton jaune ou rouge en fonction de la gravité des actions et gestes d’anti jeu, les tenants de la pensée unique, arbitres et gardiens de la pensée officielle, vont automatiquement lever un panneau qui supportera les mots et les phrases types qui vont sanctionner l’opposant, voire le mettre hors jeu pour le discréditer aux yeux de l’opinion.

 

Le but est même de menacer de lever ce panneau si cet opposant venait à oser exprimer une telle opinion contraire à la pensée dominante. Il est possible de parler d’une sorte de harcèlement intellectuel voire de dictature intellectuelle qui doit paralyser les adversaires, j’oserai même dire les ennemis de la liberté au sens où l’entendait celui à qui on a attribué cette phrase, Louis Antoine Léon de Saint-Just, surnommé paradoxalement « l’Archange de la Terreur », guillotiné à l’âge de 27 ans, et qui aurait dit « pas de liberté pour les ennemis de la liberté ».

 

Quelles sont donc les thématiques qu’on ne peut aborder sans manquer de s’attirer les anathèmes des gardiens du relativisme et de l’individualisme ? Contraception, avortement (qui plus est totalement remboursé), recherche médicale sur les embryons, remise en cause de l’efficacité des cellules souches embryonnaires, clonage (avec l’eugénisme en toile de fond), mariage homosexuel et adoption d’enfants par des « couples » de même sexe (le mot « paires » serait plus approprié car il s’agit de deux personnes identiques), procréation médicalement assistée (PMA), gestation pour autrui (GPA), euthanasie, théorie du genre, laïcité positive, intervention des religions (et particulièrement de l’Église catholique) dans les débats de société. Autant de sujets qui façonnent la société dans laquelle nous voulons vivre. C’est bien ce qu’a déclaré explicitement la ministre de la justice dans un entretien sur la réforme du mariage homosexuel au journal Ouest-France du 7 novembre 2012 : « C’est une réforme de société et on peut même dire une réforme de civilisation. Nous n’avons pas l’intention de faire comme si nous ne retouchions que trois ou quatre virgules dans le Code civil. » http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Mariage-des-homosexuels.-Taubira-detaille-son-projet_6346-2130340_actu.Htm

 

Dès que ces sujets sont contestés ou que de simples doutes sont émis sur leur bien fondé, ces personnes lèvent machinalement les cartons jaunes ou rouges, et, de façon incantatoire, les prononcent  en espérant chasser les démons qui habitent les malheureux qui ont osé profaner les dogmes et les lois de la pensée unique dominante.

 

Quels sont ces mots et expressions ? Deux mots cultes dominent : « fascisme » ou « fasciste », et « égalité » brandis à tort et à travers. Suivent ensuite des mots ou expression du type : asservissement des femmes, c’est l’Inquisition, démocratisation, démocratisation de l’institution matrimoniale, discrimination, discrimination arbitraire, discrimination positive, droit à l’enfant, droit de mourir dans la dignité, du moment qu’il y a de l’amour, égalité des droits, égalité pour tous, homophobie (mot actuellement très à la mode. C’est même la grande menace des phobies en tout genre dès qu’on s’oppose à quelqu’un ou à quelque chose), il n’y a pas de modèle familial, intégristes, je suis pour toutes les libertés, l’avancée des forces de progrès, liberté, liberté de mon corps, mentalité arriérée, mon choix, obscurantisme, ouverture d’esprit, pédophiles (en parlant surtout des prêtres de l’Église catholique), position rétrograde et d’un autre âge, projet parental, racisme, retour au Moyen-Âge, sexisme, terroristes, xénophobie, parmi les plus usités.

 

Cette langue de bois est l’expression même de ces deux idolâtries évoquées plus haut. En résumé elles disent : je n’ai pas besoin d’une référence supérieure (Dieu en l’occurrence). Je me suffis à moi-même et détermine ma conduite uniquement par moi-même. Par ces sujets de société, cette langue de bois est assénée dans tous les débats par des médias très largement acquis à ces principes. Malheur à celui qui s’y oppose. L’intelligentsia ne lui donnera le droit de parler que si elle ne peut pas faire autrement… et, à la surprise générale, ce fut le cas, par exemple, contre « Le Mariage pour Tous ». Le réveil populaire qui s’est accompli grâce à « La Manif Pour Tous » a complètement surpris ceux qui pensaient que tout allait se faire sans résistance pour plus de démocratie et plus de liberté.

 

Pour finir citons le bienheureux Jean-Paul II : « Mais la liberté n’est pleinement mise en valeur que par l’accueil de la vérité : en un monde sans vérité, la liberté perd sa consistance et l’homme est soumis à la violence des passions et à des conditionnements apparents ou occultes. […] Même dans les pays qui connaissent des formes de gouvernement démocratique, ces droits ne sont pas toujours entièrement respectés. Et l’on ne pense pas seulement au scandale de l’avortement, mais aussi aux divers aspects d’une crise des systèmes démocratiques qui semblent avoir parfois altéré la capacité de prendre des décisions en fonction du bien commun. Les requêtes qui viennent de la société ne sont pas toujours examinées selon les critères de la justice et de la moralité, mais plutôt d’après l’influence électorale ou le poids financier des groupes qui les soutiennent. De telles déviations des mœurs politiques finissent par provoquer la défiance et l’apathie, et par entraîner une baisse de la participation politique et de l’esprit civique de la population, qui se sent atteinte et déçue. Il en résulte une incapacité croissante à situer les intérêts privés dans le cadre d’une conception cohérente du bien commun. Celui-ci, en effet, n’est pas seulement la somme des intérêts particuliers, mais il suppose qu’on les évalue et qu’on les harmonise en fonction d’une hiérarchie des valeurs équilibrée et, en dernière analyse, d’une conception correcte de la dignité et des droits de la personne. » (Encyclique Centesimus annus, 1er mai 1991, n°46 et 47). Tout est dit !

 

• Vincent Terrenoir

Mai 2013