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Le sens de notre baptême (2)

Article publié le 28 mars 2016 par Pour l'Unité dans Billets spirituels

Nous poursuivons, dans le cadre de cette année jubilaire centrée sur le Pardon, une série de catéchèses sur la signification du baptême, puisque ce dernier est la toute première expression de la Miséricorde divine à notre égard.

 

Le baptême, signe de l’Alliance

 

Si vous vous souvenez de mon premier billet sur le baptême, celui du mois de janvier, j’avais écris que le baptême était un sacrement d’union à Jésus-Christ, Fils de Dieu. En effet, sur la base de la Parole de Dieu, j’avais établis une comparaison entre le sacrement de baptême et le sacrement de mariage, en tant que le baptême institue une « alliance » entre Dieu et l’homme : une communauté de vie. C’est là une comparaison pertinente, me semble-t-il, car elle va nous conduire, à présent, à mettre en valeur la fidélité de Dieu, dans le cadre de ses alliances successives avec les hommes, comme source de son extrême miséricorde.

 

C’est dans le cadre d’une alliance que Dieu révèle ses mœurs

 

La Miséricorde divine, en effet, se manifeste d’abord à travers le cadre biblique de l’Alliance. Par fidélité à sa Parole, Dieu intervient dans l’histoire des hommes. Ces interventions — mirabilia Dei — sont celles que nous rapporte la Bible qui devient alors, à proprement parler, une histoire sainte. Non pas l’histoire des œuvres de l’homme mais l’histoire des œuvres de Dieu.

 

Ces œuvres sont l’élection de Noé, l’appel d’Abraham, la délivrance des fils d’Israël retenus en Égypte, la présence de YHWH dans le Temple de Jérusalem, éminemment l’Incarnation du Verbe et la Résurrection du Christ. Elles se continuent d’ailleurs au milieu de nous. Nous vivons toujours en pleine histoire sainte. L’effusion de l’Esprit à la Pentecôte inaugure, en effet, les œuvres de Dieu au sein de l’Église. Ces œuvres sont les actions proprement divines que sont les sacrements, les décisions infaillibles du magistère, la conversion et la sanctification des âmes.

 

Bref. À travers toutes ces œuvres, le Dieu vivant manifeste ses façons d’agir, ses mœurs… C’est à travers elles que nous pouvons le connaître, comme de l’intérieur. Ceci nous amène à ce qui constitue proprement la Révélation biblique de Dieu. Elle est la connaissance des mœurs du Dieu vivant, connaissance rendue possible à travers ses actions dans l’histoire du salut à laquelle participent Israël et l’Église des nations.

 

Ainsi, de même que le Dieu des philosophes peut être connu à travers ses perfections dans la création, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob est connu des croyants à travers ses alliances successives. Le mot hébreu qui désigne l’Alliance : bérith, signifie alors l’établissement, par Dieu, d’un lien entre le peuple qu’il a choisi et lui-même. Le peuple d’Israël est son peuple et pour les hébreux, YHWH est le Dieu d’Israël.

 

En vertu de cette Alliance, Dieu s’engage à protéger le peuple élu ; il se lie à lui de façon irrévocable. Cette alliance est alors célébrée par un rite. On immole une bête que l’on consommera par la suite en sacrifice de communion. Il arrive aussi que l’on asperge le peuple du sang de la bête égorgée (cf. Ex., 24, 6). C’est à la réalité figurée par ces rites que l’Apôtre Jean se réfèrera, entre autres raisons, lorsqu’il dira : « Le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché » (cf. 1 Jn, 1, 7).

 

Bref, à travers tous les textes de l’Ancien Testament qui la décrivent, l’Alliance manifeste une caractéristique remarquable. Elle constitue un engagement irrévocable de la part de Dieu qui en a la totale initiative. Cet engagement n’est donc pas à proprement parler bilatéral. S’il comporte des obligations de la part du peuple, généralement liturgiques, juridiques et morales, globalement appelées La Loi, cet engagement n’est pas pour autant conditionné par l’accomplissement de toutes ces obligations. Le peuple, en faisant ce qui est mal aux yeux du Seigneur, peut certes se soustraire aux bénéfices des promesses divines mais il ne peut faire que l’Alliance soit pour autant révoquée. La fidélité de Dieu n’est pas à la merci de la fidélité de l’homme ! Et cela est déjà un trait essentiel de la Miséricorde divine.

 

La Miséricorde divine découle de la fidélité de son amour

 

C’est pourquoi, dans la Bible, la Miséricorde divine est d’abord hesed, c’est-à-dire fidélité de Dieu à ses propres engagements, à ses promesses, à sa Parole. La fidélité de Dieu envers sa Parole donnée est telle qu’il va jusqu’à s’incliner vers le pécheur pour lui faire grâce. Voyez-vous, dans toutes les autres religions, c’est l’homme qui cherche Dieu mais dans le judéo-christianisme, c’est Dieu qui cherche l’homme : « Adam où es-tu ? » (cf. Gen., 3, 9). Dieu est Miséricorde. S’il ne chercherait pas à faire miséricorde à l’homme, il trahirait alors sa nature profonde.

 

Pour nous convaincre que la Miséricorde du Seigneur est le fruit de la fidélité de son amour, écoutons Moïse (cf. Nomb., 14, 19), ce grand prophète de la divine Miséricorde : « Pardonne, je t’en prie, la faute de ce peuple, selon ta grande fidélité, comme tu as pardonné à ce peuple depuis l’Égypte et jusqu’ici ! » Ou encore Isaïe (54, 7-10) : « Un court instant, je t’avais abandonnée, mais avec grande compassion je te recueillerai ; dans un débordement d’irritation, un instant, je m’étais détourné de toi ; mais avec fidélité, pour toujours, j’aurais compassion de toi. Quand les montagnes s’en iraient, quand les collines vacilleraient, ma fidélité envers toi ne s’en ira pas et mon alliance de paix ne vacillera pas, dit le Seigneur qui a compassion de toi. » C’est réconfortant non ? Vous ne trouvez pas ? On pourra également, dans le même sens, relire le livre du prophète Osée.

 

La Miséricorde de Dieu à mon égard n’est donc pas proportionnée à la gravité de mon péché mais à la fidélité de sa Parole et de l’Amour qu’il me porte depuis toute éternité, car avant d’exister concrètement dans le sein maternel, je préexistais déjà, pour ainsi dire, dans son cœur, dans sa pensée éternelle. Le jour de ton baptême, je me suis donné à toi pour toujours, depuis toute éternité, me dit le Seigneur, et rien ne pourra me faire changer d’avis. Tu pourrais certes te dérober à la chaleur de mon amour et te jeter alors dans les flammes infernales de la haine mais je t’aimerai toujours. Et toi ? Crois-tu que je t’aime bien au-delà de tes secrètes misères ?

 

• Père Jérôme Monribot

Mars 2016