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La P’tite revue n° 31 (mai 2023)

Article publié le 1 mai 2023 par Pour l'Unité dans P'tite revue

Pour lire toute la revue, cliquer sur : La P’tite Revue n°31, mai 2023


Le mot du président

Le « méchant » et les « méchants » dans La Bible. De quoi parle-t-on au juste ?

Chers amis,

Si vous vous délectez de la lecture fréquente de La Bible, au point d’éprouver des sentiments comparables à ceux du prophète Jérémie : « Quand je rencontrais tes paroles, je les dévorais ; elles faisaient ma joie, les délices de mon cœur […] » (Jr 15, 16), vous aurez peut-être remarqué que bien des passages évoquent le « méchant » et les « méchants », cités respectivement 95 fois et 109 fois (version AELF). On comprend que leur sort final sera fort peu enviable au Jugement dernier : « Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges sortiront pour séparer les méchants du milieu des justes. » (Mt 13, 49, citation extraite de la parabole du Royaume des Cieux que Jésus compare à un filet jeté à la mer dans lequel on ramasse toutes sortes de poissons).

Cependant, La Bible nous enseigne que Dieu veut que le « méchant » se convertisse et qu’il vive, car Dieu ne prend aucun plaisir à sa mort (cf. Ez 18, 21-23 ; 27 ; Ez 33, 11). À cette fin, il compte bien sur nous pour dire au « méchant » de changer de conduite (cf. Ez 3, 18). Telle est, entre autres, la mission de l’Église – et donc de tout baptisé. Ainsi, le « méchant » qui se convertira ne connaîtra pas cette « seconde mort » (privation définitive de Dieu) évoquée à quatre reprises dans Ap. 2, 11 ; 20, 6 ; 14 ; 21, 8, autrement dit, la mort éternelle dont parle le Christ au Jugement dernier en termes non équivoques : « Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche, Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. » (Mt 25, 41). (*) L’enjeu est donc de taille et il implique tout particulièrement les chrétiens afin qu’ils aident les « méchants » à vouloir devenir des « justes ».

Mais qu’entend-on par « méchant(s) » aujourd’hui où nombre de nos contemporains adhèrent de plus en plus aux idéologies du relativisme religieux et de l’individualisme, et où la notion de bien et de mal apparaît de plus en plus floue ? Contrairement à la Loi divine, immuable, (cf. Mt 24, 35) et (CEC nn. 1950-1953), les repères moraux deviennent ainsi fluctuants au gré des humeurs et des événements de la vie. Cette approche purement subjective conduit à des impasses : le bien de l’un devient le mal de l’autre et inversement. L’égalitarisme en est l’une des tristes illustrations.

Le prophète Malachie donne une réponse objective à notre question : « Vous verrez de nouveau qu’il y a une différence entre le juste et le méchant, entre celui qui sert Dieu et celui qui refuse de le servir. » (Ml 3, 18) Le psalmiste proclame heureux celui qui n’entre pas au conseil des « méchants » mais se plaît dans la loi du Seigneur (cf. Ps 1, 1-2) et montre toute leur perversité pour nuire au juste (cf. Ps 63).

Ce refus de servir Dieu est à considérer sur deux plans. D’une part sur un plan individuel quand le « méchant » refuse délibérément de le servir au point d’être compté lors du Jugement dernier parmi les boucs en référence au bien qu’il n’aura pas voulu faire. D’autre part – et c’est plus grave, sur un plan collectif où les « méchants » vont tout faire pour influencer la société afin qu’elle rejette Dieu : « Alors, nous ne serons plus comme des petits enfants, nous laissant secouer et mener à la dérive par tous les courants d’idées, au gré des hommes qui emploient la ruse pour nous entraîner dans l’erreur. » (Ep 4, 14) Il importe d’intégrer cette réalité et de ne pas faire d’angélisme vis-à-vis de ces « méchants » dont certains se sont même voués au Diable. Ils vont s’évertuer à amollir les consciences et le discernement du bien et du mal, pour ensuite infuser sans plus aucune résistance toutes sortes de lois iniques sous couvert d’une liberté aux aspects délirants dénoncés clairement par saint Paul (v. 2 Tm 4, 3-4). Cette liberté dévoyée les conduira à leur perte s’ils persistent dans ce mal. Si ce n’était pas vrai, le Christ, dont la parole est véridique, n’aurait pas évoqué ce redoutable épisode du Jugement dernier (cf. Mt 25, 41. Ap 22, 12-15). Il y a une lutte appelée le « combat spirituel » à un niveau individuel, contre nos mauvais penchants (les péchés capitaux…). Il y a aussi un combat spirituel d’une dimension mondiale entre ceux qui veulent le Bien et ceux qui veulent le Mal, au point, pour ces derniers, d’aller un jour en enfer pour l’éternité par refus délibéré de Dieu (v. Catéchisme de l’Église catholique nn. 1033-1037).

Lors de notre prochain pélé nocturne (155e nuit de prière), le 10 juin, nous prierons « Jésus, Pain de Vie, pour la conversion du monde » et spécialement pour celle des « méchants ». On ne peut vraiment pas souhaiter à quiconque d’aller au diable !

Vincent Terrenoir

(*) V. Le mot du président sur le diable et l’enfer, La P’tite revue, n°21, avril 2017