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Mois d’octobre : mois du Rosaire

Article publié le 30 septembre 2021 par Père Jérôme MONRIBOT dans Billets spirituels

En 1883, le pape Léon XIII, qui écrivit durant son pontificat quelques 13 encycliques sur la Vierge Marie, décrétait que le mois d’octobre serait désormais entièrement consacré à la Sainte Reine du Rosaire. Et c’est ainsi que notre mois d’octobre est traditionnellement devenu, dans la vie de l’Église, le mois du Psautier de Marie, en référence aux 150 « Je vous salue Marie » qui composent le rosaire et qui évoquent, raconte la Tradition, les 150 psaumes de la Bible. Mais d’où vient cette prière du rosaire ? Comment la réciter ?

COMMENT RÉCITER LE ROSAIRE ?

C’est à saint Dominique, au 13e siècle, que l’on doit la propagation du rosaire, suite à quelques recommandations de sa part à ses frères religieux auxquels il demandait de porter un chapelet à leur ceinture. Mais l’événement déterminant qui suscita la popularité du rosaire parmi les fidèles fut sans aucun doute la victoire de Lépante (1571), une bataille maritime au cours de laquelle fut stoppée nette l’avancée des armées de l’Empire Ottoman, jusque-là demeurées invaincues. C’est à la récitation du Rosaire, disait-on alors, que la chrétienté devait ce triomphe. Pour remercier Marie de cette victoire, le pape institua alors la journée du 7 octobre comme fête de Notre-Dame du Rosaire.

Le mot français chapelet vient du mot « chapeau » dont la forme ancienne était chapel. À l’origine, le chapelet désigne une coiffe, une couronne de fleurs, par analogie avec les couronnes de roses dont on ornait la tête des statues de la Vierge Marie.

Un rosaire est composé de trois chapelets, soit 150 grains en tout, au cours desquels, en les égrenant, on récite 150 « Je vous salue Marie. » Chaque dizaine de chapelet est quant à elle précédée d’un Notre Père et suivie d’un Gloire au Père (ou Gloria) en l’honneur de la Sainte Trinité.

Le Rosaire est ainsi une forme de prière, répétitive et très simple, durant laquelle on évoque les mystères de la vie du Christ, contemplés à travers les yeux de Marie qui méditait dans son coeur tous les évènements de la vie de son fils. En récitant le rosaire, ou sa forme abrégée qui est donc le chapelet, on s’associe, mystérieusement à la foi de Marie, la première en chemin.

Selon moi, que l’on soit distrait ou non en récitant le rosaire n’enlève rien à la grâce qu’il procure. A-t-on, par exemple, tout le temps conscience que nous respirons ? Du reste, un vieux dominicain m’affirma un jour que le chapelet n’était en définitive qu’une longue série de distractions vers le Bon Dieu… Il n’en demeure pas moins vrai que tous les « Je vous salue Marie » que l’on sème durant notre vie terrestre sont autant de petits cailloux blancs, comme dans le conte du Petit Poucet, qui nous permettent d’aller tout droit au Ciel !

Dans la récitation du chapelet, chaque mystère de la vie du Christ est donc accompagné d’une dizaine d’Ave Maria. Cinq dizaines mentionnent les mystères joyeux de la vie de Jésus, cinq autres en rappellent les mystères douloureux et, enfin, les cinq dernières dizaines en évoquent les mystères glorieux. En 2002, le pape Jean-Paul II institua cinq autres nouveaux mystères, définis comme lumineux, car principalement centrés sur des évènements de l’Évangile au cours desquels Jésus révèle sa divinité au discernement éclairé de notre intelligence.

LES MYSTÈRES JOYEUX

Les premiers mystères du rosaire sont les mystères joyeux car ils nous rappellent la joie qui caractérise la naissance et l’enfance de Jésus. Ce sont : 1) L’Annonciation : l’ange Gabriel est envoyé par Dieu à Marie pour lui annoncer qu’elle sera la mère du Sauveur (Luc, 1, 26-38). 2) La Visitation : Marie rend visite à sa cousine Élisabeth, enceinte de Jean-Baptiste malgré son âge avancé. 3) La Nativité : le premier Noël de l’humanité, c’est-à-dire la naissance de Jésus à Bethléem. 4) La Présentation de Jésus au Temple, où Syméon et Anne reconnaissent en Jésus l’Envoyé de Dieu (Luc, 2, 22-40). 5) Le Recouvrement de Jésus au Temple, enfin, rappelle un évènement arrivé à Jérusalem lorsque Jésus avait douze ans. Un évènement qui pronostique en lui-même la joie de la résurrection (Luc, 2, 41-51).

LES MYSTÈRES DOULOUREUX

Les mystères douloureux, quant à eux, rappellent les moments liés à la Passion et à la mort de Jésus : 1) L’agonie de Jésus au jardin des Oliviers (Mat., 26, 36-56), 2) La Flagellation (Mc, 25, 15). 3) Le Couronnement d’épines (Mat., 27, 27-31). 4) Le portement de la croix et la crucifixion (Luc, 23, 26-30) et 5) La Mort de Jésus et sa déposition au tombeau (Jn, 19, 17-37).

LES MYSTÈRES GLORIEUX

Les mystères glorieux, comme leur nom l’indique, évoquent tour à tour : 1) La Résurrection de Jésus (Mat., 28, 5-8). 2) Son Ascension au Ciel (Mc, 16, 19-20). 3) La Pentecôte (Act., 2, 1-13), 4) L’Assomption de Marie (Ap., 12, 14-16) et 5) Le Couronnement de Marie dans le Ciel (Ap., 12, 1).

L’Église a coutume de répartir la méditation de ces mystères sur différents jours de la semaine, pour qu’ils irriguent ainsi l’ensemble de notre vie : le lundi et le samedi, on récite surtout les mystères joyeux. Le mardi et le vendredi, les mystères douloureux. Le mercredi et le dimanche, les mystères glorieux. Et enfin, le jeudi, les mystères lumineux.

UNE PRIÈRE RYTHME DE LA VIE HUMAINE

Jean-Paul II, à plusieurs reprises, a redit la richesse de la prière du Rosaire. Ainsi, dans une homélie du 29 octobre 1978 : « Je voudrais, disait-il, attirer votre attention sur le Rosaire. […] Le Rosaire est ma prière préférée. C’est une prière merveilleuse. Merveilleuse de simplicité et de profondeur. Dans cette prière, nous répétons de multiples fois les paroles de l’Archange et d’Élisabeth à la Vierge Marie. Toute l’Église s’associe à ces paroles. Sur l’arrière-fond des Ave Maria défilent les principaux épisodes de la vie de Jésus-Christ. Réunis en Mystères joyeux, douloureux et glorieux, ils nous mettent en communion vivante avec Jésus à travers le coeur de sa mère, pourrions-nous dire. En même temps, nous pouvons rassembler dans ces dizaines du Rosaire tous les événements de notre vie individuelle ou familiale, de la vie de notre pays, de l’Église, de l’humanité : c’est-à-dire nos événements personnels ou ceux de notre prochain, et en particulier de ceux qui nous sont les plus proches, qui nous tiennent le plus à coeur. »

C’est ainsi que, finalement, la simple prière du Rosaire s’écoule au rythme de notre vie humaine…

 

Illustration : Pixabey (photo libre de droits).